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Channel: Commentaires sur : CR I – La chute des villes
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Par : Greenbat85

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Le prochain film des frangin(e)s Wachowski, auteurs de la trilogie Matrix et de Cloud Atlas, sera du Space Opéra! Il sort l’été prochain et s’intitule Jupiter Ascending. On y suivra le destin d’une jeune femme de ménage immigrée qui s’avère être en fait l’héritière d’un trône situé dans le cosmos. Pourchassée, elle s’apprête à découvrir un monde infini au delà des frontières de la Terre. Un planète Terre qui n’est rien d’autre qu’un rouage dans une gigantesque Industrie … comme on peut s’y attendre, le slogan du film est: « étendez votre univers » …

Par ailleurs, anecdote amusante, est-ce une impression de ma part ou les films du plus conventionnel cinéaste britannique Christopher Nolan répondent toujours très bien à ceux des Wachowski? Ils semblent faire un dialogue philosophique continuel. Nolan est réputé pour être un « liberals » discret, qui véhicule surtout dans ses thrillers psychologique et dans ses récents films à plus gros budget des idées sur la fameuse « mauvaise foi » existentialiste (dans Memento) ou l’instabilité de l’identité, de responsabilité individuelle, de rédemption et d’une morale au final assez classique; tandis que les Wachowski, qui ont par ailleurs de nombreuses références postmodernistes, mettent clairement plus en scène de l’esthétique et de la philo underground, mystique parfois bien que sceptique sur les « grandes questions », et leur gourou politique est un activiste social-démocrate (Cornel West) qui oscille entre christianisme-révolutionnaire et socialisme démocratique, et se préoccupe pas mal des questions d’identité en Amérique et dans le monde (la condition afro- bien-sûre, mais aussi les femmes, les minorités sexuelles).
Or, sur le plan philosophique, on voit des traitements différent sur la morale en ce qui concerne le rapport à la réalité, à l’ordre, la criminalité, le terrorisme, etc:

REALITE ET VIRTUEL? Contre toute attente, l’univers de Nolan est bien plus pervers et manichéen que chez les Wachowski. La compétition y est comme naturelle, seulement constatée (ce qui ne veut pas dire que Nolan y adhère; on a vu qu’il était un démocrate ‘liberals’ discret), mais c’est ce qui est véhiculé dans ses films; alors que « l’ordre naturel » est clairement montré comme flexible dans Matrix, et encore dans Cloud Atlas, du fait de la condition humaine.
GUERRE ET DISSIDENCE? On a des répliques sans morale, dans Inception, comme « n’ait pas peur de rêver plus gros » en sortant un gros calibre. A l’opposé, les Wachowski prennent toujours soin de nous rappeler que le monde a été divisé, que la réalité a été biaisée et que quelques hommes (et des machines qui symbolisent finalement soit une autre race, ou une autre civilisation, une autre conscience plus froidement rationnelle ou une autre classe, etc) ont l’espoir d’y établir la paix. Le gout pour la répression dans les derniers Batman est symptomatique, alors que le pragmatisme est de mise dans Matrix Revolutions.

TERRORISME ET MORALE? Il y a une mise en scène du bien et du mal parfois douteuse: dans The Dark Knight « certaines personnes veulent juste voir le monde brûler », ne sont attirés par rien « même l’argent » (ça pour une référence …), et les héros, aussi sombre soient ils, finissent quand-même par s’assumer, par assimiler toutes leurs actions de conservation de l’ordre établi: on construit même une statue de bronze à Batman, ce qui j’ai trouvé tout à fait horrifiant, pour ne pas dire fascisant. A l’inverse, dans V pour Vendetta, le « terroriste » est toujours présenté comme une création du système, pas une manifestation du mal absolu qui mettrait consciemment sa responsabilité de coté pour s’amuser à assassiner spontanément les bien heureux néo-conservateurs au pouvoir. De plus la légitimité de ses actions est questionnée tout au long du film, jusqu’à ce qu’il avoue lui-même: « vous aviez raison, Evey, je suis un monstre ». La trame garde par-contre la teneur du nihilisme politique de l’œuvre de Alan Moore dont il est adapté.

CRIMINALITE ET MORALE. Dans Batman Begins, l’assassin des parents de Bruce Wayne est montré initialement comme un simple clochard désespéré à la recherche d’un porte monnaie, son entreprise vire au drame, mais plus tard on en fait ce mauvais esprit qui en fait est de mèche avec la mafia locale, et qui va être écarté de la prison par un avocat corrompu (qui s’avère être l’autre grand méchant de l’histoire … no comment). Dans le film scénarisé par les Wachowski: Ninja Assassin, le héros est un ninja élevé dans un clan selon les lois traditionnelles (et anachroniques) des ninjas japonais. Il est porté à réaliser des opérations d’assassinat pour le compte de son maître, afin d’assoir sa réputation et son pouvoir en ville. Mais il s’en détourne (par on ne sait quel élan de conscience contre toute son éducation) et se lance dans sa retrouve pourchassé tant par la police que par son ancienne « famille ». Les scénaristes nous montrent dans ce film d’action pourtant assez adolescent le processus d’émancipation-rédemption d’un individu de son milieu clanique vers l’immensité du monde et une autre morale.

Je ne vais pas m’éterniser sur le sujet, mais si quelqu’un a remarqué la même chose, qu’il en fasse part. Et donc voilà que maintenant, oh surprise, tandis que les Wachowski se lancent dans le Space Opera avec Jupiter Ascending, où ils vont surement continuer à exploiter la patte transcendantaliste de leur œuvre, Christopher Nolan va sortir Interstellar, une SF qui nous parle d’univers au delà de nos frontières terrestres. De quoi se préparer à taper sur les claviers prochainement.^^
Remarquons, de plus, que les derniers films sur l’univers de Batman ont failli être réalisés et scénarisés par les Wachowski! Ils avaient en effet créé un premier script inspiré des même comics récents avec l’ambiance sale et torturée qu’ils contenaient. Mais c’est le script de Nolan qui l’a emporté. Si c’était passé on aurait eu la Catwoman végétarienne, vouée à la cause animale et aux prises avec Lex Corp si je me souviens bien (ma foi ça aurait changé de la rebelle féminine et lesbienne domptée par le vieil aristocrate moral de Jonathan Nolan, frère scénariste des films de Chris Nolan; celui-ci est peut-être moins conservateur que son frère, qui sait).


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