L’anticapitalisme est une opinion comme une autre. Si elle est bien défendue et propose une alternative crédible je n’y vois pas d’objection de principe. J’en vois une par contre dans la vocifération argumenter douteusement (ce qui n’est pas le cas ici hein je n’ai pas dit cela).
Si les états ne plus souverains à cause de leur dette, ce qui est certes le cas de la Grèce aujourd’hui, et que cette dette est possédée par d’autres états alors nous sommes de retours dans un monde géopolitique classique, de type Westphalien. Ce n’a plus grand chose à voir avec les compagnies multinationales faisant la loi dans un monde cyberpunk.
Par ailleurs, ce n’est pas parce que les entreprises d’état chinoises ont acheté le port du Pirée que la Grèce n’est plus souveraine. La grande atteinte à sa souveraineté vient de la BCE ( qui a exactement dans les mêmes proportions réduit notre propres souveraineté et celle des Allemands (en théorie…)), du FMI mais sous la forme contractuelle d’un contrat librement consentie et des autres états européens : une banque centrale, des états et un organisme transnational. Un exemple certes éloigné de 1648 (signature du traité de Westphalie) mais qui reste dans une logique de géopolitique classique.
L’exemple le plus abouti d’un pays possédant un autre sans avoir à convoquer les grandes entreprises c’est le système colonialiste. Issue de l’impérialisme, la colonisation est d’abords politique et seulement après économique (le frontière est floue pour la première colonisation de peuplement notamment ibérique et anglaise et surtout pour l’Inde). Mais Lénine le disait de manière peut être un peu trop caricaturale « L’impérialisme stade suprême du capitalisme »
En fait la question qui se pose pour un pays comme la Grèce est de savoir si elle a vraiment perdue sa souveraineté face à qui que ce soit. Elle n’a pas été contrainte par la force mais par des engagements légaux, librement consentis par ailleurs. On me répondra que ce n’est pas le « peuple grec » (entité bien pratique à faire parler) qui a consentie ces prêts mais son gouvernement. La question ici n’est plus dans le débat et relève plutôt d’un débat sur la démocratie.
Ce que tu dis à propos du fait qu’un riche a en plus ce qu’un pauvre a en moins par rapport à une moyenne, roberleberserker, n’est pas une idée mais un fait arithmétique. Dans sa construction une moyenne comporte ce que tu as énoncé plus tôt. Mais cela ne veut pas dire que c’est mal pour autant. Qu’il y ait des gens très riches et des gens très pauvres par rapport à une moyenne (qui en termes de revenu / patrimoine ne veut rien dire, vaut mieux se référencer à une médiane) on s’en moque si même les très pauvres à cette moyenne vivent dans des conditions dignes. Si c’est le cas la vraie question qui se pose c’est: ces écarts peuvent ils être justifiés et si oui par quoi. Enfin pour savoir si les plus pauvres vivent dans des conditions dignes il faut se fixer « enfin » une référence absolue pour savoir ce qu’est des conditions de vie dignes ou pas. Sinon le niveau de vie augmentant tendanciellement il y aura toujours des gens qui vivront indignement par rapport à d’autres. Et en prenant une référence quelle qu’elle soit je peut assurer que nous vivons aujourd’hui à peu près tous dans des conditions dignes par rapport à 95% de la population du Moyen-Age.
Le pire n’est jamais sur. Et depuis les grandes tragédies du XXème siècle l’Homme doute de lui-même. C’est salutaire après les dommages causées et l’aveuglement du XIXème mais en toute chose le sage est modéré. Point trop n’en faut. Alors croyons, un peu, raisonnablement, en notre capacité à résoudre les problèmes posées par notre développement.